ZHANG Baihao | 张柏豪
Le romantisme politique : une idée transnationale

Projet de thèse : Le romantisme politique : une idée transnationale
Direction : Armin Owzar |
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Résumé : Les romantiques allemands sont controversés dès le début, notamment en ce qui concerne leurs idées politiques. On dit que les romantiques allemands ont embrassé la Restauration, ont soutenu le catholicisme, et ont également alimenté un nationalisme irrationnel à l’époque de Vormärz (1815-1848). Pour les raisons susmentionnées, Heinrich Heine les a critiqués en les qualifiant de réactionnaires catholiques, et Carl Schmitt les a accusés d’occasionalisme apolitique. Parfois, après la Seconde Guerre Mondiale, le mal causé par l’Allemagne nazie a également été attribué aux romantiques. Cependant, si nous examinons de près le mouvement romantique entre 1790 et 1830, nous en remarquerons toutes les subtilités. Tout d’abord, les romantiques allemands étaient, au départ, de fervents partisans de la Révolution française, et les idéaux républicains de Friedrich Schlegel et de Novalis étaient très radicaux et évidents à l’époque. Selon certains chercheurs, leurs idées radicales découlent de l’union de la philosophie de Spinoza avec celle de Fichte. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que certains romantiques se tournent progressivement vers la religion et la monarchie. Deuxièmement, le romantisme a encouragé le nationalisme, mais deux points doivent être clarifiés : 1) Les romantiques n’étaient pas des chauvins à l’esprit fermé ; ils étaient également intéressés par la littérature et l’histoire des pays étrangers. « La volonté de tout traduire », comme dans les théories de A. W. Schlegel et Hölderlin, se reflète dans leurs actions. Les anciennes traditions de leur propre pays sont une autre terre étrangère pour les romantiques. 2) Au début du XIXe siècle, le nationalisme romantique était plus synonyme de libération, de révolution et de liberté. Les frères Grimm, par exemple, ont façonné l’identité de la nation allemande, mais ils faisaient également partie des Göttinger Sieben, un groupe de professeurs libéraux qui protestent contre l’abrogation de la constitution du pays en 1837. Ce n’est qu’après 1848 que les concepts de nation et d’État ont commencé à se fondre en un seul. Finalement, ce qui a été peu abordé, c’est la dimension transnationale des idées politiques romantiques. Il semble naturel d’appeler les pensées et actions politiques de George G. Byron, de Thomas Carlyle, d’Alphonse de Lamartine et d’Adam Mickiewicz par le terme « romantique », ou de parler d’une idée politique « romantique » qui met l’accent sur le sentiment, l’esthétique et l’individu soutenu par la communauté. En fait, il faut faire la distinction entre les idées des romantiques (allemands) et une idée politique romantique transnationale ; les uns peuvent parfois représenter le conservatisme en Allemagne, mais l’autre, qui prévalait dans l’Europe du XIXe siècle, se manifeste plutôt sous la forme d’une politique radicale. Nos recherches sur ce dernier point ne font que commencer. De plus, il est intéressant de constater la diffusion de cette idée également en dehors de l’Europe. Aux États-Unis, le transcendantalisme, influencé par le romantisme, a encouragé la réforme sociale et l’expérimentation radicale. George Ripley et Amos Bronson Alcott ont tenté de concrétiser une utopie, tandis qu’Orestes Brownson s’est tourné du côté conservateur après une déception. Dans la Chine du début du XXe siècle, si l’« Église confucéenne » et Zhang Taiyan ne montrent qu’indirectement des idées similaires, Guo Moruo s’inspire explicitement de la tradition romantique allemande et soutient la révolution. Dans ce contexte, néanmoins, il demeure encore une question à poser : comment définir le « romantisme politique », bien qu’il soit tout autant difficile à définir que le « romantisme » lui-même ? Isaiah Berlin, avec une certaine dose de ressentiment, fournit une réponse claire, en affirmant que l’idée politique du romantisme est d’« évoquer par des symboles la vision indicible de l’activité incessante de la vie » ; par exemple, l’organisme social, l’histoire, la nation et l’État. Gérard Raulet, cependant, estime qu’« il s’impose en toute hypothèse de parler de romantisme au pluriel », et dirige ainsi une vaste collection d’essais. Est-il vrai, comme Nietzsche l’a dit, que « seul est définissable ce qui n’a pas d’histoire » ? Nous tenterons de répondre à cette question dans le domaine de l’histoire des idées. En résumé, les idées politiques du romantisme au XIXe siècle revêtent un aspect complexe, elles entretiennent des liens divers avec le libéralisme, la révolution, la monarchie, le nationalisme et la religion. La question des idées politiques de la Frühromantik a maintenant été quelque peu clarifiée et comprise ; mais une histoire transnationale des idées romantiques politiques est en plein essor. Bien qu’il affirme qu’il est vain d’« étudier séparément les romantismes des divers pays européens », Jacques Droz a écrit un livre sur les idées politiques romantiques dans le cadre national. Les recherches d’Anne-Marie Thiesse et de Joep Leerssen sont instructives à l’égard d’une histoire transnationale du nationalisme romantique ; mais elles concernent surtout la dimension culturelle. Au cours de ma licence et de mon master, mes travaux ont porté sur l’histoire des cultures et des idées politiques européennes modernes (surtout de l’Allemagne). Mon mémoire de master examine comment le concept de « bonheur » évolue dans la pensée politique du jeune Wilhelm von Humboldt et, ce faisant, éclaire la signification de sa première pensée politique dans son contexte historique. Pour mon doctorat, j’ai l’intention de faire progresser mes recherches sur la pensée politique du « XIXe siècle long », en mettant l’accent sur le romantisme et en incluant une perspective de transfert, et même d’« histoire globale ». Je vais explorer la circulation d’un certain nombre de Begriffe ou de cultures politiques, en me concentrant sur plusieurs penseurs (par exemple, Hugo, Carlyle, Hegel). Votre programme de doctorat basé à Paris, qui met l’accent sur les perspectives interculturelles, se révèle être parfaitement conforme à mes attentes en matière de recherche. Ce serait un grand honneur si l’on m’offrait la chance de faire des percées dans ce domaine, en apportant mon propre point de vue interculturel. |
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